Short Description
La justice est un des principes fondamentaux des enseignements de l’islam. Ce principe ne connaît aucune exception ni assouplissement
La justice est un des principes fondamentaux des enseignements de l’islam. Ce principe ne connaît aucune exception ni assouplissement : c’est un ordre divin à notre Prophète (paix et salut à lui) et à sa communauté après lui. Allah dit : « Allah ordonne la justice et la bienfaisance et de donner aux proches, et Il interdit la turpitude, le blâmable et la tyrannie. Il vous exhorte pour vous amener à réfléchir. »[1]
Il dit également : « Allah vous ordonne de restituer les dépôts à leurs ayants-droit, et lorsque vous jugez entre les hommes, de juger selon la justice. »[2]
Et encore : « Il m’est ordonné de juger équitablement entre vous. »[3]
On remarque que le mot « ordonner » est souvent associé au mot « justice ».
La question de la justice ne relève pas du choix individuel ni des bonnes actions souhaitables : il s’agit d’un principe inaliénable tant dans l’application des règles de l’islam que dans le comportement du croyant.
La vie du Prophète (paix et salut à lui) a été un exemple concret de la valeur de la justice, comme cela est manifeste dans toutes ses paroles et tous ses actes. Abû Hurayra (qu'Allah l’agrée) rapporte que le Prophète (paix et salut à lui) a dit : « Sept êtres seront protégés par l’ombre d'Allah le Jour où il n’y aura d’ombre que la Sienne », et a mentionné parmi eux : « un chef juste ».[4]
`Aïsha (qu'Allah l’agrée) rapporte que le Prophète (paix et salut à lui) a dit également : « Celui qui aura spolié quelqu’un d’un empan de terre aura le cou enserré de sept terres. »[5]
Le Prophète (paix et salut à lui) dit encore dans un hadîth rapporté par `Abdallâh ibn `Umar (qu'Allah l’agrée) : « Quiconque aura contribué injustement à une querelle, ou : contribuera à une injustice, sera l’objet de la colère divine jusqu’à ce qu’il cesse. »[6]
Tous ces hadîth sont exprimés en termes généraux incluant les musulmans comme les non-musulmans. L’injustice est donc proscrite sous toutes ses formes, quelles que soient les circonstances : la différence de religion, d’ethnie ou de lignée, ou encore d’appartenance ou de liens claniques, ne peut en aucun cas donner prétexte à l’injustice.
Malgré la clarté de ce principe, le Prophète (paix et salut à lui) a voulu empêcher qu’aucun musulman se croie permis de commettre la moindre injustice envers les non-musulmans : il a donc prononcé ces paroles sublimes qu’il faut porter à la connaissance de tous les êtres humains, afin qu’ils sachent qui était le Prophète (paix et salut à lui) : « Quiconque commet une injustice envers un non-musulman lié par un accord de paix, le rabaisse ou lui impose de trop lourdes charges, ou encore lui prend quoi que ce soit contre son gré, me trouvera plaidant contre lui le Jour du Jugement. »[7]
Ces propos sublimes n’étaient pas de simples principes théoriques sans réel effet dans la vie des gens : ils étaient clairement reflétés dans chaque attitude et chaque comportement du Prophète (paix et salut à lui) ; chaque traité, chaque engagement qu’il concluait en était l’expression manifeste, et il mettait tous ses efforts dans la réalisation des conditions nécessaires à leur mise en œuvre.
Ces principes apparaissent de façon particulièrement frappante, par exemple, dans ses engagements pris envers les juifs lors de son émigration à Médine. Le texte du traité dit ainsi : « Nul ne doit léser son allié, et tout secours sera porté à l’opprimé. »[8] Ce principe est l’affirmation que l’injustice est totalement inacceptable et que c’est toujours la victime d’injustice qu’il convient de soutenir, qu’il s’agisse d’un musulman ou d’un juif : ce principe se vérifia dans les faits parla suite. Tous les articles du traité exprimaient et confirmaient ce même principe de justice.
Les traités du Prophète (paix et salut à lui) avec les chrétiens reprennent les mêmes principes de justice mis en œuvre dans ses traités avec les juifs ; ainsi, son traité avec les chrétiens de Najrân stipule : « Nul d’entre eux ne sera châtié pour l’injustice commise par un autre. »[9]
Afin de garantir que la relation entre les musulmans et les chrétiens demeure fondée sur la justice, le Prophète (paix et salut à lui) décida d’envoyer un homme avec les chrétiens de Najrân pour appliquer directement les accords conclus. Cet homme devait par-dessus tout être digne de confiance : cette qualité était certes présente chez tous les Compagnons, mais le Prophète (paix et salut à lui) choisit celui chez qui elle était le plus parfaitement développée, au point qu’il en dise : « Je vais envoyer avec vous un homme véritablement digne de confiance. »[10]
Tous les Compagnons espérèrent alors être cet homme-là, mais le Prophète (paix et salut à lui) dit : « Lève-toi, Abû `Ubayda ibn al-Jarrâh. » Lorsque celui-ci se fut levé, le Prophète (paix et salut à lui) dit : « Voici l’homme le plus digne de confiance de cette communauté. »
Lorsque le Prophète (paix et salut à lui) voulut envoyer un homme à Khaybar pour mettre en œuvre l’accord conclu après la conquête de Khaybar, selon lequel les fruits de Khaybar seraient partagés entre les deux camps, il envoya `Abdallâh ibn Rawâha (qu'Allah l’agrée), particulièrement connu pour sa justice. Lorsque certains juifs objectèrent à sa manière de partager, `Abdallâh prononça ces paroles célèbres : « Ô juifs, vous êtes les gens que je déteste le plus, vous avez tué les prophètes d'Allah et vous avez menti au sujet d'Allah, mais ma haine à votre égard ne me pousse pas pour autant à être injuste envers vous. »[11]
L’injustice est en effet inacceptable, même lorsqu’Ibn Rawâha avait à départager l’être qu’il aimait le plus – le Prophète (paix et salut à lui) – et ceux qu’il aimait le moins.
Les recommandations du Prophète (paix et salut à lui) à Mu`âdh ibn Jabal au moment de l’envoyer au Yémen, où vivaient de nombreux chrétiens et juifs, met particulièrement en évidence cette préoccupation centrale pour la justice :
« Tu te rends chez des Gens de l’Ecriture : lorsque tu arriveras chez eux, invite-les à témoigner qu’il n’est d’autre divinité qu'Allah et que Mohammad est le Messager d'Allah. S’ils t’obéissent en cela, informe-les qu'Allah leur prescrit d’accomplir cinq prières par jour et nuit. S’ils t’obéissent en cela, informe-les qu'Allah leur prescrit une aumône prélevée sur les plus riches d’entre eux et rendue aux plus pauvres. S’ils t’obéissent en cela, garde-toi de toucher à leurs biens les plus précieux, et crains l’invocation de l’opprimé car aucun obstacle ne la sépare d'Allah. »[12]
Cette recommandation s’appliquait à Mu`âdh ibn Jabal mais aussi à tous les musulmans : jamais la force et le pouvoir ne doivent détourner de la justice et du soutien des opprimés. En effet, aucun obstacle ne sépare d'Allah l’invocation de l’opprimé, et cela, quelle que soit sa religion ou sa croyance.
Voilà comment le Prophète (paix et salut à lui) considérait l’opprimé en général. Que ceux qui s’en étonneraient écoutent ce qu’il a dit dans cet autre hadîth :
« Craignez l’invocation de l’opprimé, fût-il mécréant, car elle ne rencontre aucun obstacle. »[13]
Selon un autre hadîth rapporté par Ahmad, le Prophète (paix et salut à lui) a dit : « L’invocation de l’opprimé est exaucée même si c’est un pécheur, et il aura à répondre de ses propres fautes. »[14]
Il est clairement affirmé ici qu’aucun obstacle ne sépare d'Allah l’invocation de l’opprimé.
Par conséquent, un musulman sincère ne commettra jamais d’injustice, car il a conscience en permanence qu'Allah observe ses actes, qu’il s’agit d’une question liée à la foi, que le Jour du Jugement Allah accordera Son secours à l’opprimé contre l’oppresseur même si l’opprimé est mécréant et l’oppresseur musulman, et que le Prophète (paix et salut à lui) se tiendra aux côtés de l’opprimé contre l’oppresseur le Jour de Jugement quelle que soit la religion de l’un ou de l’autre.
Voici ce qu’est notre religion, pour ceux qui ne la connaissent pas. Voici ce qu’est notre morale dont nous sommes fiers.
[1] Sourate 16, an-Nahl, verset 90.
[2] Sourate 5, an-Nisâ’, verset 58.
[3] Sourate 42, ash-Shûrâ, verset 15.
[4] Al-Bukhârî, Livre de la prière, chapitre : « Celui qui reste assis dans la mosquée en attendant la prière, et le mérite de la mosquée » (629) ; Livre des menus faits, chapitre : « Le fait de pleurer par crainte de Dieu » (6114) ; Livre de la zakât, chapitre : « L’aumône se donne de la main droite » (1357) ; Livre des ennemis en état de guerre, mécréants ou apostats, chapitre : « Le mérite de s’abstenir des turpitudes » (6421) ; Muslim, Livre de la zakât, chapitre : « Le mérite de faire l’aumône en cachette » (1031).
[5] Al-Bukhârî, Livre des litiges, chapitre : « Le péché de celui qui spolie un autre de sa terre » (2331) ; Muslim : Livre de l’irrigation, chapitre : « Il est interdit de commettre l’injustice, de s’approprier des terres à tort, etc. » (1612)
[6] Rapporté par Ibn Mâjah (2320) et Abû Dâwud (3598), et considéré authentique par al-Albânî. Voir : Sahîh al-jâmi` (6049).
[7] Rapporté par Abû Dâwud (3052), al-Bayhaqî dans ses Sunan al-kubrâ (17511) d’après plusieurs fils de Compagnons du Prophète (paix et salut à lui) d’après leurs pères respectifs, et considéré comme authentique par al-Albânî. Voir : Sahîh al-jâmi` (2655).
[8] Ibn Kathîr, al-Bidâya wan-nihâya 3/251 ; Ibn Sayyid an-Nâs, `Uyûn al-athar, 1/318 ; Ibn Hishâm, as-Sîra an-nabawiyya 3/31 ; Akram al-`Amrî, al-Mujtama` al-madanî pp. 119-121.
[9] Muhammad Fârûq Hammâda, al-`Alâqât al-islâmiyya an-nasrâniyya, p. 110.
[10] Rapporté par al-Bukhâri d’après Hudhayfa ibn al-Yamân, Livre des expéditions militaires, chapitre : « L’histoire des gens de Najrân » (4119) ; et par Muslim, Livre des mérites des Compagnons, chapitre : « Les mérites d’Abû `Ubayda ibn al-Jarrâh (2419).
[11] Rapporté par Mâlik dans al-Muwattâ’ d’après Yahyâ al-Laythî (1388) et d’après Muhammad ibn Abî al-Hasan (830), ainsi que par Ahmad (14996) ; al-Haythamî dit de ce hadîth dans Majma` az-zawâ’id : rapporté par Ahmad d’après Jâbir (que Dieu l’agrée) avec des rapporteurs qui sont ceux des Sahîh.
[12] Al-Bukhârî, Livre de la zakât, chapitre : « La zakât est prélevée sur les riches et rendue aux pauvres où qu’ils soient » (1425), et Livre du jihâd et des campagnes, chapitre : « Comment il envoya Abû Mûsâ et Mu`âdh ibn Jabal au Yémen avant son pèlerinage » (4090) ; Muslim : Livre de la foi, chapitre : « L’appel à prononcer la double profession de foi et à pratiquer les rites de l’islam » (19).
[13] Rapporté par Ahmad d’après Anas ibn Mâlik (12571). Shu`ayb al-Arnâ’ût signale que sa chaîne de transmission est faible. Al-Albânî le catégorise comme bon dans as-Silsila as-sahîha. Il est appuyé par cet autre hadîth : « L’invocation de l’opprimé est exaucée même s’il est pervers, et il aura à répondre de ses propres fautes. » Voir as-Silsila as-sahîha (767).
[14] Rapporté par Ahmad d’après Abû Hurayra (8781). Shu`ayb al-Arnâ’ût signale que sa chaîne de transmission est faible. Al-Haythamî en dit dans Majma` az-zawâ’id : « Rapporté par Ahmad et al-Bazzâr dans des termes approchants, avec une chaîne de transmission bonne. » Ibn Hajr considère également la chaîne de transmission comme bonne. Voir : Fath al-bârî 3/360. Selon al-Albanî, sa chaîne de transmission est bonne : voir Sahîh at-targhîb wat-tarhîb (2229) et Sahîh al-jâmi` (3382).
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